Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Antoine de Lavoisier).
Figure dominante depuis plus de 25 ans dans ma démarche artistique, le corps féminin cède sa place aux perceptions intrinsèques de celle-ci. Me connectant à mes observations et à mes intuitions, ma gestuelle, toujours en recherche de son authenticité, cherche à travers ses couches de textures ses propres mémoires. Ce besoin incommensurable d’amadouer l’impalpable me pousse à explorer diverses avenues sur le plan physique et spirituel et ces dernières prennent forme sur mon support. Cette coexistence, conjuguée au risque, est jouissive et elle s’installe en première loge pour y voir émerger ce qui doit se raconter.
L’aspect corporel féminin qui réclamait sa place pour s’exprimer a donc trouvé à travers les années assez de détachement pour s’effacer de la surface. L’acte de création, agissant maintenant comme courroie de transmission de mes états d’âme, explore sur mon support cette nouvelle voie en lien avec mon constat social et environnemental. Mon impuissance à agir, ma désolation, et mon émerveillement aiguise mon regard, balaie l’espace que j’habite et amplifie mon sentiment d’appartenance à cet Univers. Désormais, entre en conflit cette nouvelle ébauche de ma vie. Ce dilemme, qui se dessine aux soixante ans de ma vie, sur ce que je dois faire et ce que je peux faire, je l’accueille totalement et l’expérimente avec diversité dans ma recherche artistique. Vivre l’expérience créative en toute confiance, en toute liberté, me prêter au jeu de la création en gardant mon regard féminin, voilà ce qui guide mon geste. Les mots se combinent aux couleurs, aux formes, aux textures, à la matière, comme l’histoire qui se livre à travers les gestes humains depuis des millénaires, celle-ci sort maintenant du bout de mes doigts.